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FÊTE DU BAPTÊME DU SEIGNEUR
[http://www.vatican.va/news_services/liturgy/libretti/2013/20130113.pdf FÊTE DU BAPTÊME DU SEIGNEUR<br />
<br />
CÉLÉBRATION DE LA MESSE ET BAPTÊME DE NOUVEAU-NÉS]


'''BENOÎT XVI'''
'''''HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI'''''


'''''ANGÉLUS'''''
''[http://mv.vatican.va/2_IT/pages/CSN/CSN_Main.html Chapelle Sixtine]''


''Place Saint-Pierre''
''Dimanche 13 janvier 2013''


''Dimanche 13 janvier 2012''
''Chers frères et sœurs,''


'''( [https://www.youtube.com/watch?v=wOPb53-7UHo&list=PLC9tK3J1RlaZGkT-qS3F021VSzUv-YuwO&index=7&ab_channel=TheVatican-Archive Vidéo]''' ''')'''
La joie qui naît de la célébration du Saint Noël trouve aujourd’hui son accomplissement dans la fête du baptême du Seigneur. À cette joie vient s’ajouter un motif supplémentaire pour nous qui sommes réunis ici : dans le sacrement du baptême, que j’administrerai dans quelques instants à ces nouveau-nés, se manifeste en effet la présence vivante et agissante de l’Esprit Saint qui, enrichissant l’Église de nouveaux enfants, la vivifie et la fait croître, et nous ne pouvons que nous réjouir de cela. Je désire adresser un salut particulier à vous, chers parents, parrains et marraines, qui témoignez aujourd’hui de votre foi en demandant le baptême pour ces enfants, pour qu’ils soient engendrés à la vie nouvelle dans le Christ et entrent dans la communauté des croyants.


''Chers frères et sœurs !''
Le récit évangélique du baptême de Jésus, que nous avons écouté aujourd’hui selon la version de saint Luc, montre la voie de l’abaissement et de l’humilité, que le Fils de Dieu a choisie librement pour adhérer au dessein du Père, pour être obéissant à sa volonté d’amour envers l’homme en tout, jusqu’au sacrifice sur la croix. Désormais devenu adulte, Jésus commence son ministère public en se rendant au fleuve Jourdain pour recevoir de Jean un baptême de pénitence et de conversion. Il se produit ce qui à nos yeux pourrait apparaître paradoxal. Jésus a-t-il besoin de pénitence et de conversion ? Assurément pas. Et pourtant, c’est précisément Celui qui est sans péché qui se place parmi les pécheurs pour se faire baptiser, pour accomplir ce geste de pénitence ; le Saint de Dieu s’unit à ceux qui se reconnaissent comme ayant besoin de pardon et demandent à Dieu le don de la conversion, c’est-à-dire la grâce de revenir à Lui de tout leur cœur, pour lui appartenir complètement. Jésus veut se mettre du côté des pécheurs, devenant solidaire avec eux, exprimant la proximité de Dieu. Jésus se montre solidaire avec nous, avec notre difficulté à nous convertir, à abandonner nos égoïsmes, à nous détacher de nos péchés, pour nous dire que si nous l’acceptons dans notre vie, Il est capable de nous relever et de nous conduire à la hauteur de Dieu le Père. Et cette solidarité de Jésus n’est pas, pour ainsi dire, un simple exercice de l’esprit et de la volonté. Jésus s’est réellement plongé dans notre condition humaine, il l’a vécue jusqu’au bout, en dehors du péché, et il est en mesure d’en comprendre la faiblesse et la fragilité. C’est pourquoi il ressent de la compassion, il choisit de « souffrir avec » les hommes, de devenir pénitent avec nous. Telle est l’œuvre de Dieu que Jésus veut accomplir : la mission divine de panser celui qui est blessé et de soigner celui qui est malade, de prendre sur lui le péché du monde.


Avec ce dimanche après l’Epiphanie se conclut le [http://www.vatican.va/liturgical_year/christmas/2012/christmas12_fr.html Temps liturgique de Noël] : temps de lumière, la lumière du Christ qui, comme nouveau soleil apparu sur l’horizon de l’humanité, disperse les ténèbres du mal et de l’ignorance. Nous célébrons aujourd’hui la fête du baptême de Jésus : cet enfant, fils de la Vierge, que nous avons contemplé dans le mystère de sa naissance, nous le voyons aujourd’hui adulte s’immergeant dans les eaux du fleuve du Jourdain, et sanctifier ainsi toutes les eaux de l’univers tout entier — comme le met en évidence la tradition orientale. Mais pourquoi Jésus, en qui il n’y avait pas l’ombre du péché, est-il allé se faire baptiser par Jean ? Parce qu’il voulait accomplir ce geste de pénitence et de conversion, avec toutes les personnes qui ainsi voulaient se préparer à la venue du Messie ? Ce geste — qui marque le commencement de la vie publique du Christ est dans la même ligne que l’Incarnation, la descente de Dieu du plus haut des cieux jusqu’à l’abîme des enfers. Le sens de ce mouvement d’abaissement divin se résume en un seul mot : amour, qui est le nom même de Dieu. L’apôtre Jean écrit : « Voici comment Dieu a manifesté son amour parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui », et il l’a envoyé « comme la victime offerte pour nos péchés » (1 ''Jn'' 4, 9-10). Voici pourquoi le premier acte public de Jésus fut de recevoir le baptême de Jean, qui a dit, en le voyant arriver : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » ( ''Jn'' 1, 29).
Que se passe-t-il au moment où Jésus se fait baptiser par Jean ? Face à cet acte d’amour humble de la part du Fils de Dieu, les cieux s’ouvrent et l’Esprit Saint se manifeste de manière visible sous la forme d’une colombe, alors qu’une voix d’en-haut exprime la satisfaction du Père, qui reconnaît le Fils unique, le Bien-aimé. Il s’agit d’une véritable manifestation de la Très Sainte Trinité, qui rend témoignage de la divinité de Jésus, du fait qu’il est le Messie promis, Celui que Dieu a envoyé libérer son peuple, pour qu’il soit sauvé (cf. ''Is'' 40, 2). C’est ainsi que se réalise la prophétie d’Isaïe que nous avons écoutée dans la première Lecture : le Seigneur Dieu vient avec puissance pour détruire les œuvres du péché et son bras exerce sa domination pour désarmer le Malin ; mais gardons à l’esprit que ce bras est le bras étendu sur la croix et que la puissance du Christ est la puissance de Celui qui souffre pour nous : tel est le pouvoir de Dieu, différent du pouvoir du monde ; ainsi, Dieu vient avec puissance pour détruire le péché. Jésus agit vraiment comme le Bon Pasteur qui fait paître le troupeau et le rassemble, pour qu’il ne se disperse pas (cf. ''Is'' 40, 10-11), et il offre sa propre vie pour qu’il ait la vie. C’est par sa mort rédemptrice que l’homme est libéré de la domination du péché et qu’il est réconcilié avec le Père ; c’est par sa résurrection que l’homme est sauvé de la mort éternelle et qu’il vainc le Malin.


L’évangéliste Luc raconte qu’alors que Jésus priait, après avoir reçu le baptême, « le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint descendit sur Jésus, sous une apparence corporelle, comme une colombe. Du ciel une voix se fit entendre : “C’est toi mon Fils : moi, aujourd’hui, je t’ai engendré” » (3, 21-22). Ce Jésus est le Fils de Dieu qui est totalement plongé dans la volonté d’amour du Père. Ce Jésus est Celui qui mourra sur la croix et ressuscitera par la puissance de l’Esprit qui aujourd’hui descend sur Lui et le consacre. Ce Jésus est l’homme nouveau qui veut vivre en fils de Dieu, c’est-à-dire dans l’amour ; l’homme qui, en face du mal du monde, choisit la voie de l’humilité et de la responsabilité, choisit non pas de se sauver lui-même, mais d’offrir sa vie pour la vérité et la justice. Être chrétiens signifie vivre ainsi, mais ce genre de vie comporte une renaissance : renaître d’en-haut, de Dieu, de la Grâce. Cette renaissance est le baptême, que le Christ a donné à l’Église pour régénérer les hommes à une vie nouvelle. Un texte ancien attribué à saint Hippolyte l’affirme : « Qui descend avec foi dans ce bain de régénération, renonce au diable et se range avec le Christ, renie l’ennemi et reconnaît que le Christ est Dieu, se déshabille de l’esclavage et revêt l’adoption filiale » ( ''Discours sur l’Épiphanie'', 10 : pg 10, 862).
Chers frères et sœurs, que se passe-t-il dans le baptême que j’administrerai d’ici peu à vos enfants ? C’est précisément cela qui se passe : ils seront unis de manière profonde et pour toujours avec Jésus, plongés dans le mystère de sa puissance, de son pouvoir, c’est-à-dire dans le mystère de sa mort, qui est source de vie, pour participer à sa résurrection, pour renaître à une vie nouvelle. Voilà le prodige qui se répète aujourd’hui aussi pour vos enfants : en recevant le baptême, ils renaissent comme fils de Dieu, participant à la relation filiale que Jésus a avec le Père, capables de s’adresser à Dieu en l’appelant avec une familiarité et une confiance totales : « Abbà, Père ». Sur vos enfants aussi le ciel est ouvert, et Dieu dit : ce sont mes enfants, les enfants en qui je me complais. Insérés dans cette relation et libérés du péché originel, ils deviennent des membres vivants de l’unique corps qui est l’Église et ils sont en mesure de vivre en plénitude leur vocation à la sainteté, de manière a pouvoir ainsi hériter la vie éternelle, qui nous a été obtenue par la résurrection de Jésus.


Selon la tradition, ce matin, j’ai eu la joie de baptiser un bon groupe d’enfants qui sont nés ces derniers trois ou quatre mois. À cette occasion, je voudrais étendre ma prière et ma bénédiction à tous les nouveau-nés ; mais surtout inviter tous à nous rappeler de notre baptême, de cette renaissance spirituelle qui nous a ouvert le chemin de la vie éternelle. Que chaque chrétien puisse, en cette ''[http://www.vatican.va/special/annus_fidei/index_fr.htm Année de la foi]'', redécouvrir la beauté d’être renés d’en-haut, de l’amour de Dieu, et de vivre comme fils de Dieu.
Chers parents, en demandant le baptême pour vos enfants, vous manifestez et vous témoignez votre foi, la joie d’être chrétiens et d’appartenir à l’Église. C’est la joie qui naît de la conscience d’avoir reçu un grand don de Dieu, la foi précisément, un don que personne de nous n’a pu mériter, mais qui nous a été donné gratuitement et auquel nous avons pu répondre avec notre « oui ». C’est la joie de nous reconnaître comme fils de Dieu, de découvrir que nous sommes placés entre ses mains, de nous sentir accueillis dans une étreinte d’amour, de la même manière qu’une mère soutient et embrasse son enfant. Cette joie, qui oriente le chemin de chaque chrétien, se fonde sur le rapport personnel avec Jésus, un rapport qui oriente toute l’existence humaine. C’est Lui, en effet, le sens de notre vie, Celui sur qui il vaut la peine de garder le regard fixé, pour être illuminés par sa Vérité et pour pouvoir vivre en plénitude. Le chemin de la foi qui commence aujourd’hui pour ces enfants, se fonde donc sur une certitude, sur l’expérience qu’il n’y a rien de plus grand que connaître le Christ et communiquer aux autres l’amitié avec Lui ; ce n’est que dans cette amitié que s’ouvrent réellement les grandes potentialités de la condition humaine et que nous pouvons expérimenter ce qui est beau et ce qui libère (cf. [[content/benedict-xvi/fr/homilies/2005/documents/hf_ben-xvi_hom_20050424_inizio-pontificato.html|''Homélie lors de la Messe pour le début du pontificat'', 24 avril 2005]]). Celui qui a fait cette expérience n’est pas disposé à renoncer à sa foi pour rien au monde.


À vous, chers parrains et marraines, revient la tâche importante de soutenir et d’aider l’œuvre éducative des parents, en les soutenant dans la transmission de la vérité de la foi et dans le témoignage des valeurs de l’Évangile, en les aidant à faire grandir ces enfants dans une amitié toujours plus profonde avec le Seigneur. Sachez toujours leur offrir votre bon exemple, à travers l’exercice des vertus chrétiennes. Il n’est pas facile de manifester ouvertement et sans compromis ce en quoi l’on croit, en particulier dans le contexte dans lequel nous vivons, face à une société qui considère souvent démodés et dépassés ceux qui vivent de la foi en Jésus. Suivant cette mentalité, il peut exister également chez les chrétiens le risque de concevoir la relation avec Jésus comme limitante, comme quelque chose qui freine la propre réalisation personnelle ; « Dieu est vu comme la limite à notre liberté, une limite à éliminer afin que l’homme puisse être totalement lui-même » ( ''L’enfance de Jésus''). Mais il n’en est pas ainsi ! Cette vision montre ne rien avoir compris de la relation avec Dieu, car c’est précisément à mesure que l’on avance sur le chemin de la foi que l’on comprend que Jésus exerce sur nous l’action libératrice de l’amour de Dieu, qui nous fait sortir de notre égoïsme, de notre repli sur nous-mêmes, pour nous conduire à une vie en plénitude, en communion avec Dieu et ouverte aux autres. « “Dieu est amour : celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu en lui” (1 ''Jn'' 4, 16). Ces paroles de la Première Lettre de saint Jean expriment avec une clarté particulière ce qui fait le centre de la foi chrétienne : l’image chrétienne de Dieu, ainsi que l’image de l’homme et de son chemin, qui en découle » (Enc. ''[[content/benedict-xvi/fr/encyclicals/documents/hf_ben-xvi_enc_20051225_deus-caritas-est.html|Deus caritas est]]'', n. 1).


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L’eau avec laquelle ces enfants seront marqués au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, les plongera dans cette « source » de vie qui est Dieu lui-même et qui fera d’eux ses véritables enfants. Et la semence des vertus théologales, transmise par Dieu, la foi, l’espérance et la charité, une semence qui est aujourd’hui placée dans leur cœur par la puissance de l’Esprit Saint, devra toujours être alimentée par la Parole de Dieu et par les Sacrements, de manière à ce que ces vertus du chrétien puissent croître et parvenir à leur pleine maturité, jusqu’à faire de chacun de nous un véritable témoin du Seigneur. Alors que nous invoquons sur ces petits enfants l’effusion de l’Esprit Saint, nous les confions à la protection de la Sainte Vierge ; qu’elle les garde toujours avec sa présence maternelle et les accompagne à chaque moment de leur vie. Amen.
 
'''À l’issue de l’Angélus'''
 
''Chers frères et sœurs !''
 
Nous célébrons aujourd’hui la Journée mondiale du migrant et du réfugié. Dans le [http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/messages/migration/documents/hf_ben-xvi_mes_20121012_world-migrants-day.html message de cette année], j’ai comparé les migrations à un « pèlerinage de foi et d’espérance ». Celui qui quitte sa terre le fait parce qu’il ''espère'' en un avenir meilleur, mais il le fait aussi parce qu’il ''a confiance en Dieu'' qui guide les pas de l’homme, comme Abraham. Ainsi, les migrants sont porteurs de foi et d’espérance dans le monde. À chacun d’eux, j’adresse aujourd’hui mon salut, avec une prière spéciale et ma bénédiction. Je salue en particulier les communautés catholiques de migrants présentes à Rome, et je les confie à la protection de sainte Cabrini et du bienheureux Scalabrini.
 
Chers pèlerins francophones, la fête du baptême de Jésus nous fait nous souvenir de notre baptême. Ce jour-là, nous sommes devenus enfants de Dieu, appelés à être dans le monde des témoins de l’amour de Dieu pour chaque personne. Cette mission est importante alors que nous célébrons la Journée internationale du migrant et du réfugié. Que partout, ces personnes puissent être accueillies et aidées pour qu’elles aient chacune, ainsi que leur famille, une existence digne. Comme Jésus, soyons proches de ceux qui souffrent et n’ont pas de voix pour se faire entendre. Il bénira chaque geste de charité. Bon dimanche à tous !


© Copyright 2013 - Libreria Editrice Vaticana
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[[Catégorie:21e siècle]]
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Dernière version du 29 mai 2025 à 13:31

[http://www.vatican.va/news_services/liturgy/libretti/2013/20130113.pdf FÊTE DU BAPTÊME DU SEIGNEUR

CÉLÉBRATION DE LA MESSE ET BAPTÊME DE NOUVEAU-NÉS]

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Chapelle Sixtine

Dimanche 13 janvier 2013

Chers frères et sœurs,

La joie qui naît de la célébration du Saint Noël trouve aujourd’hui son accomplissement dans la fête du baptême du Seigneur. À cette joie vient s’ajouter un motif supplémentaire pour nous qui sommes réunis ici : dans le sacrement du baptême, que j’administrerai dans quelques instants à ces nouveau-nés, se manifeste en effet la présence vivante et agissante de l’Esprit Saint qui, enrichissant l’Église de nouveaux enfants, la vivifie et la fait croître, et nous ne pouvons que nous réjouir de cela. Je désire adresser un salut particulier à vous, chers parents, parrains et marraines, qui témoignez aujourd’hui de votre foi en demandant le baptême pour ces enfants, pour qu’ils soient engendrés à la vie nouvelle dans le Christ et entrent dans la communauté des croyants.

Le récit évangélique du baptême de Jésus, que nous avons écouté aujourd’hui selon la version de saint Luc, montre la voie de l’abaissement et de l’humilité, que le Fils de Dieu a choisie librement pour adhérer au dessein du Père, pour être obéissant à sa volonté d’amour envers l’homme en tout, jusqu’au sacrifice sur la croix. Désormais devenu adulte, Jésus commence son ministère public en se rendant au fleuve Jourdain pour recevoir de Jean un baptême de pénitence et de conversion. Il se produit ce qui à nos yeux pourrait apparaître paradoxal. Jésus a-t-il besoin de pénitence et de conversion ? Assurément pas. Et pourtant, c’est précisément Celui qui est sans péché qui se place parmi les pécheurs pour se faire baptiser, pour accomplir ce geste de pénitence ; le Saint de Dieu s’unit à ceux qui se reconnaissent comme ayant besoin de pardon et demandent à Dieu le don de la conversion, c’est-à-dire la grâce de revenir à Lui de tout leur cœur, pour lui appartenir complètement. Jésus veut se mettre du côté des pécheurs, devenant solidaire avec eux, exprimant la proximité de Dieu. Jésus se montre solidaire avec nous, avec notre difficulté à nous convertir, à abandonner nos égoïsmes, à nous détacher de nos péchés, pour nous dire que si nous l’acceptons dans notre vie, Il est capable de nous relever et de nous conduire à la hauteur de Dieu le Père. Et cette solidarité de Jésus n’est pas, pour ainsi dire, un simple exercice de l’esprit et de la volonté. Jésus s’est réellement plongé dans notre condition humaine, il l’a vécue jusqu’au bout, en dehors du péché, et il est en mesure d’en comprendre la faiblesse et la fragilité. C’est pourquoi il ressent de la compassion, il choisit de « souffrir avec » les hommes, de devenir pénitent avec nous. Telle est l’œuvre de Dieu que Jésus veut accomplir : la mission divine de panser celui qui est blessé et de soigner celui qui est malade, de prendre sur lui le péché du monde.

Que se passe-t-il au moment où Jésus se fait baptiser par Jean ? Face à cet acte d’amour humble de la part du Fils de Dieu, les cieux s’ouvrent et l’Esprit Saint se manifeste de manière visible sous la forme d’une colombe, alors qu’une voix d’en-haut exprime la satisfaction du Père, qui reconnaît le Fils unique, le Bien-aimé. Il s’agit d’une véritable manifestation de la Très Sainte Trinité, qui rend témoignage de la divinité de Jésus, du fait qu’il est le Messie promis, Celui que Dieu a envoyé libérer son peuple, pour qu’il soit sauvé (cf. Is 40, 2). C’est ainsi que se réalise la prophétie d’Isaïe que nous avons écoutée dans la première Lecture : le Seigneur Dieu vient avec puissance pour détruire les œuvres du péché et son bras exerce sa domination pour désarmer le Malin ; mais gardons à l’esprit que ce bras est le bras étendu sur la croix et que la puissance du Christ est la puissance de Celui qui souffre pour nous : tel est le pouvoir de Dieu, différent du pouvoir du monde ; ainsi, Dieu vient avec puissance pour détruire le péché. Jésus agit vraiment comme le Bon Pasteur qui fait paître le troupeau et le rassemble, pour qu’il ne se disperse pas (cf. Is 40, 10-11), et il offre sa propre vie pour qu’il ait la vie. C’est par sa mort rédemptrice que l’homme est libéré de la domination du péché et qu’il est réconcilié avec le Père ; c’est par sa résurrection que l’homme est sauvé de la mort éternelle et qu’il vainc le Malin.

Chers frères et sœurs, que se passe-t-il dans le baptême que j’administrerai d’ici peu à vos enfants ? C’est précisément cela qui se passe : ils seront unis de manière profonde et pour toujours avec Jésus, plongés dans le mystère de sa puissance, de son pouvoir, c’est-à-dire dans le mystère de sa mort, qui est source de vie, pour participer à sa résurrection, pour renaître à une vie nouvelle. Voilà le prodige qui se répète aujourd’hui aussi pour vos enfants : en recevant le baptême, ils renaissent comme fils de Dieu, participant à la relation filiale que Jésus a avec le Père, capables de s’adresser à Dieu en l’appelant avec une familiarité et une confiance totales : « Abbà, Père ». Sur vos enfants aussi le ciel est ouvert, et Dieu dit : ce sont mes enfants, les enfants en qui je me complais. Insérés dans cette relation et libérés du péché originel, ils deviennent des membres vivants de l’unique corps qui est l’Église et ils sont en mesure de vivre en plénitude leur vocation à la sainteté, de manière a pouvoir ainsi hériter la vie éternelle, qui nous a été obtenue par la résurrection de Jésus.

Chers parents, en demandant le baptême pour vos enfants, vous manifestez et vous témoignez votre foi, la joie d’être chrétiens et d’appartenir à l’Église. C’est la joie qui naît de la conscience d’avoir reçu un grand don de Dieu, la foi précisément, un don que personne de nous n’a pu mériter, mais qui nous a été donné gratuitement et auquel nous avons pu répondre avec notre « oui ». C’est la joie de nous reconnaître comme fils de Dieu, de découvrir que nous sommes placés entre ses mains, de nous sentir accueillis dans une étreinte d’amour, de la même manière qu’une mère soutient et embrasse son enfant. Cette joie, qui oriente le chemin de chaque chrétien, se fonde sur le rapport personnel avec Jésus, un rapport qui oriente toute l’existence humaine. C’est Lui, en effet, le sens de notre vie, Celui sur qui il vaut la peine de garder le regard fixé, pour être illuminés par sa Vérité et pour pouvoir vivre en plénitude. Le chemin de la foi qui commence aujourd’hui pour ces enfants, se fonde donc sur une certitude, sur l’expérience qu’il n’y a rien de plus grand que connaître le Christ et communiquer aux autres l’amitié avec Lui ; ce n’est que dans cette amitié que s’ouvrent réellement les grandes potentialités de la condition humaine et que nous pouvons expérimenter ce qui est beau et ce qui libère (cf. Homélie lors de la Messe pour le début du pontificat, 24 avril 2005). Celui qui a fait cette expérience n’est pas disposé à renoncer à sa foi pour rien au monde.

À vous, chers parrains et marraines, revient la tâche importante de soutenir et d’aider l’œuvre éducative des parents, en les soutenant dans la transmission de la vérité de la foi et dans le témoignage des valeurs de l’Évangile, en les aidant à faire grandir ces enfants dans une amitié toujours plus profonde avec le Seigneur. Sachez toujours leur offrir votre bon exemple, à travers l’exercice des vertus chrétiennes. Il n’est pas facile de manifester ouvertement et sans compromis ce en quoi l’on croit, en particulier dans le contexte dans lequel nous vivons, face à une société qui considère souvent démodés et dépassés ceux qui vivent de la foi en Jésus. Suivant cette mentalité, il peut exister également chez les chrétiens le risque de concevoir la relation avec Jésus comme limitante, comme quelque chose qui freine la propre réalisation personnelle ; « Dieu est vu comme la limite à notre liberté, une limite à éliminer afin que l’homme puisse être totalement lui-même » ( L’enfance de Jésus). Mais il n’en est pas ainsi ! Cette vision montre ne rien avoir compris de la relation avec Dieu, car c’est précisément à mesure que l’on avance sur le chemin de la foi que l’on comprend que Jésus exerce sur nous l’action libératrice de l’amour de Dieu, qui nous fait sortir de notre égoïsme, de notre repli sur nous-mêmes, pour nous conduire à une vie en plénitude, en communion avec Dieu et ouverte aux autres. « “Dieu est amour : celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu en lui” (1 Jn 4, 16). Ces paroles de la Première Lettre de saint Jean expriment avec une clarté particulière ce qui fait le centre de la foi chrétienne : l’image chrétienne de Dieu, ainsi que l’image de l’homme et de son chemin, qui en découle » (Enc. Deus caritas est, n. 1).

L’eau avec laquelle ces enfants seront marqués au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, les plongera dans cette « source » de vie qui est Dieu lui-même et qui fera d’eux ses véritables enfants. Et la semence des vertus théologales, transmise par Dieu, la foi, l’espérance et la charité, une semence qui est aujourd’hui placée dans leur cœur par la puissance de l’Esprit Saint, devra toujours être alimentée par la Parole de Dieu et par les Sacrements, de manière à ce que ces vertus du chrétien puissent croître et parvenir à leur pleine maturité, jusqu’à faire de chacun de nous un véritable témoin du Seigneur. Alors que nous invoquons sur ces petits enfants l’effusion de l’Esprit Saint, nous les confions à la protection de la Sainte Vierge ; qu’elle les garde toujours avec sa présence maternelle et les accompagne à chaque moment de leur vie. Amen.

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