2019 04 09 ne cedons pas l echec

De SpiWiki

PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA

MAISON SAINTE-MARTHE

Ne cédons pas à l’échec

Mardi 9 avril 2019

( L’Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n°018 du 30 avril 2019)

Est-il possible de préférer l’«échec », la « désolation » ou la « lassitude » à la guérison, à la « consolation » et à l’« espérance »? Cela peut sembler étrange, mais c’est ce qui arrive souvent dans la vie du chrétien qui se laisse aller à la plainte et à l’« insatisfaction ». Et il s’agit d’une véritable « maladie » spirituelle. S’inspirant de la première lecture du jour (Nombres, 21, 4-9) — avec le récit de l’expérience analogue vécue par les israélites au cours des temps durs de l’exode et du désert — le Pape a analysé, en la ramenant à notre époque, cette attitude déchirante du cœur de l’homme. En effet, le passage biblique fait précisément « réfléchir sur la lassitude » du peuple de Dieu qui, en marche vers la terre promise, « ne supporta pas le voyage ». A ce propos, le Pape a reparcouru entièrement, pas à pas, l’évolution psychologique et spirituelle des israélites en fuite de l’Egypte.

Ce « qui est arrivé à nos pères dans le désert nous arrive à nous aussi, à l’époque de la désolation, quand on ne voit pas immédiatement les résultats de la promesse ». A l’époque, « le peuple ne supporta pas le voyage ». L’« esprit de lassitude » apporte également avec lui « l’esprit d’insatisfaction. Rien ne nous plaît, tout va mal…».

Jésus aussi a fait référence à cet « esprit d’insatisfaction » (cf. Luc 7, 32) en le comparant à ce qui arrive à des enfants qui jouent : « Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé! Nous avons entonné un chant funèbre, et vous n’avez pas pleuré!: mais rien ne vous satisfait ?». C’est de la même manière que s’exprime l’« insatisfaction du chrétien » qui se plaint toujours : « Non, ça ne va pas, ça ne va pas…». Une attitude intérieure qui « est un terrain parfait pour les semailles du diable ». Dans cette situation, l’homme devient également incapable de saisir « un signal d’espérance ». Pour mieux faire comprendre cette condition, le Pape a ajouté l’exemple de ce qui est arrivé aux disciples d’Emmaüs, qui quittèrent Jérusalem après que les femmes aient dit que le Seigneur était ressuscité. Telle est précisément cette « désolation chrétienne »: être tentés de « céder à l’échec », avoir « peur des consolations, peur de l’espérance, peur des caresses du Seigneur ». Et ainsi, beaucoup de chrétiens conduisent « une vie de pleureuses manquées »: ils « vivent en se plaignant, ils vivent en critiquant, ils vivent dans les murmures, ils vivent insatisfaits ».

Le récit biblique souligne que « le peuple ne supporta pas le voyage ». Et également « nous, chrétiens, très souvent nous ne supportons pas le voyage. Et notre préférence est l’attachement à l’échec, c’est-à-dire la désolation. Et la désolation est liée au serpent : le serpent antique, celui du Paradis terrestre ». Le serpent, a expliqué le Pape en faisant allusion au serpent de bronze élevé par Moïse, est un symbole : « Le même serpent qui avait séduit Eve et c’est une manière de faire voir le serpent qu’ils ont à l’intérieur » et qui mord « toujours dans la désolation ». Parfois, les chrétiens aussi « ne supportent pas la résurrection de Jésus. Parfois, les chrétiens ne supportent pas l’espérance. Parfois, les chrétiens préfèrent l’échec. Cela nous arrive à nous aussi ». D’où l’invocation de conclusion de François : « Que le Seigneur nous libère de cette maladie ».